Rennes : Et si Le Drian restait ministre de la Défense ?

En soutenant Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian se positionne politiquement pour conserver son poste à l’Hôtel De Brienne en cas de victoire du candidat d’En Marche ! à l’élection présidentielle, même s’il prétend le contraire et affirme que son « horizon est en Bretagne ».

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense depuis 2012 et réélu président du Conseil de Bretagne en 2015, a officialisé son ralliement à Emmanuel Macron à un mois du premier tour de l’élection à l’Elysée. Un choix stratégique qui tenait du secret de polichinelle depuis plusieurs semaines, tant paraissait forte la tentation du ministre des armées de se démarquer de la candidature du « frondeur »  Benoît Hamon, investi par le PS après sa victoire à la primaire de la gauche en janvier.
Dans les colonnes du quotidien Ouest France, il juge « utopique » le projet porté par ce dernier, et adoube en retour celui d’Emmanuel Macron, « le seul qui porte les valeurs qui sont les (s)iennes » notamment sur les questions européennes : « Je suis d’ailleurs président d’une région très attachée à l’Europe, laquelle, ne l’oublions pas, a été un facteur de paix » dit-il.

Culture du compromis

Non encarté chez les socialistes (contrairement à Le Drian), jamais élu, le leader d’En Marche ! tente de fonder la crédibilité de son mouvement sur une ambiguïté non partisane, ambivalente en ce qu’elle ne s’affiche ni à droite ni à gauche et prétend s’affranchir des étiquettes idéologiques traditionnelles. Une culture du compromis qui plaît à l’élu breton : « Elle n’affaiblit jamais et est le passage indispensable pour des avancées ».
En filigrane, c’est bien son avenir à l’Hôtel de Brienne qui se négociera en cas d’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée: maillon essentiel du dispositif Hollande pendant cinq ans, l’homme, âgé de 69 ans, est l’un des rares ministres à avoir fait l’unanimité dans l’opinion et la classe politique, sans jamais vraiment faiblir, y compris lorsqu’il s’était engagé dans la bataille des élections régionales en 2015 au mépris des nouvelles règles de non-cumul des mandats, scrutin duquel il était d’ailleurs sorti triomphal (51,41% des voix devant la droite et l’extrême-droite). Une pièce maîtresse avec laquelle l’ancien patron de Bercy voudra sans doute compter pour souder autour de lui la gauche incompatible avec celle de Benoît Hamon.

« Mon horizon, c’est la Bretagne » souligne pourtant Le Drian lorsqu’il évoque ses ambitions post-présidentielles. En précisant toutefois qu’il « pourrait apporter (son) expertise et une connaissance des questions géopolitiques » à Emmanuel Macron si celui-ci devait devenir le prochain Chef de l’Etat.

Dans les faits pourtant, Le Drian reste le patron du Conseil Régional de Bretagne jusqu’en 2021, un mandat qu’en vertu des nouvelles dispositions légales applicables à partir de 2017, il devra abandonner si son destin national se prolonge  après le mois de mai prochain.

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